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Description
Préface
Dans une époque gouvernée par l’efficience et les protocoles standardisés, où l’intelligence artificielle s’immisce dans les blocs opératoires, les bureaux de consultation et jusque dans nos congrès, il est plus urgent que jamais de préserver un espace de pensée critique, un lieu de méditation sur nos pratiques, où l’on se souvient des pionniers tout en franchissant les ponts vers l’histoire de l’art et la philosophie. Cet espace, fût-il virtuel, n’est pas un luxe intellectuel mais une nécessité vitale. Le Cercle Nicolas Andry nous convie, jeunes ou moins jeunes, à penser notre métier pour lui restituer son épaisseur humaine.
Or, au coeur de cet espace de réflexion que nous devons protéger, s’élève aujourd’hui une voix essentielle : celle des femmes. En 2008, une étude canadienne montrait que les chirurgiens orthopédistes étaient vingt-deux fois plus enclins à recommander une arthroplastie totale du genou à un patient masculin qu’à une patiente présentant pourtant les mêmes symptômes radiographiques de gonarthrose, révélant ainsi la force des biais de genre dans la décision clinique (Borkhoff CM et coll. The effect of patients’ sex on physicians’ recommendations for total knee arthroplasty. CMAJ 2008). Dix-sept ans plus tard, peut-on dire que la recherche sur l’influence du genre du patient – qu’il s’agisse de la douleur, des stratégies thérapeutiques ou des résultats cliniques – a véritablement modifié nos pratiques ?
C’est ce retard qu’Agathe Yvinou met en lumière dans son plaidoyer pour l’égalité de genre en chirurgie orthopédique. Égalité d’accès aux soins de qualité, éclairés par les connaissances les plus récentes sur les différences physiologiques et biopsychosociales entre hommes et femmes ; mais aussi égalité des chances pour les femmes d’accéder à la profession de chirurgien(ne). Longtemps, l’orthopédie est demeurée un bastion masculin, presque rituellement viril, où la force physique semblait primer sur la justesse du geste. Aujourd’hui, les consciences s’ouvrent aux biais cognitifs qui, silencieusement, influencent les décisions.
Accueillir les femmes dans la communauté n’est pas seulement un geste de justice ou d’ouverture. C’est affirmer que l’intelligence chirurgicale n’a pas de genre ; que rigueur, précision, écoute et ténacité sont d’abord les qualités de l’humain avant d’être celles d’un sexe. La féminisation de notre métier ne l’affaiblit pas : elle l’humanise. Car une communauté qui sait évoluer dans le respect et l’accueil de l’autre est une communauté vivante, véritablement tournée vers l’avenir.
Adeline Cambon
| Éditeur | SAURAMPS MEDICAL |
| Collection | Nicolas Andry |
| Date | 28/10/2025 |
| Pages | 266 |
| Taille | 15 x 21 |
| Type de reliure | Broché |
| ISBN | 9791030304954 |